La thérapie de couple est sans aucun doute l’une des pratiques qui suscite de nos jours un grand nombre de consultations. Expliquer ce phénomène ne se limite pas à l’énoncé de généralités connues de tous.
En tant que psychothérapeute, je prends donc ici le parti de décrypter d’une part les motifs possibles d’un dysfonctionnement mais aussi d’en décrire la formation et les conséquences potentielles.
L’évolution des mœurs et le couple « moderne »
Il convient dans un premier temps de mettre en exergue les étapes franchies par un couple qu’il soit en union maritale ou libre. Cette différence autrefois culturelle s’est progressivement normalisée. PACS, union libre, sont passés par là. La parentalité n’est plus une entrave à ce choix. D’autre part, la multiplication des couples ayant opté pour un lieu de vie séparé est considéré par ceux et celles qui en ont décidé ainsi comme le garant d’une liberté assumée laissant à chacun une parcelle de « chez soi » à leurs yeux, essentielle pour l’épanouissement du couple. À l’opposé certains ressentent le besoin d’un partage dit « H24 ».
La différence inhérente à ces deux orientations renvoie les partenaires du couple vers une compréhension et un vécu de ce nous appellerons « indifférenciation/différenciation ».
Quand choisir de consulter un thérapeute ?
Il n’y a à vrai dire pas de « moment » particulier. Une constante toutefois : La demande doit impérativement émaner de la personne qui se sent prête. Le praticien accueille, écoute attentivement puis oriente vers telle ou telle thérapeutique.
Indifférenciation et différenciation : les deux concepts clés
Dès son plus âge et jusqu’à 8 mois environ, le nourrisson connaît dans la relation avec sa mère un état de « fusion » totale au point de ne faire qu’une seule et même personne avec cette dernière. Il est question ici d’indifférenciation. Puis survient entre 8 et 12 mois le stade dit du « miroir » ou prise de conscience par l’enfant de son altérité autrement dit de son existence en tant qu’individu à part entière. Il est question ici de « différenciation ». Sans entrer dans le détail de ces archaïsmes qui feront l’objet d’un article ultérieur, il est aisé d’établir une corrélation avec le couple. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer dans un autre article sur le dytique dépendance fusionnelle/dépendance affective dans le cadre d’une relation toxique.
L’osmose du couple… puis la désillusion
En effet la première phase dans la formation d’un couple est très souvent l’objet d’une fusion caractérisée par une pulsion de vie et de plaisir très forte. Pour quelles raisons imaginer la moindre divergence puisque l’un et l’autre ne font qu’un ?
Mais cette étape peut ne durer qu’un temps et déboucher sur les modalités d’une interprétation erronée des besoins de l’autre. À ce stade, l’acceptation par les partenaires que l’un comme l’autre puisse ne pas percevoir la réalité à l’identique est primordiale sauf à créer les conditions de postures contraires à l’osmose du couple.
C’est le temps de la désillusion, source de dysfonctionnements, de dislocations puis parfois de ruptures. Ces paliers vers le point de non-retour peuvent être endogènes ou exogènes. Voyons cela en détails.
Problème du couple : caractère endogène ou exogène ?
Le caractère endogène de toute manifestation émane de « l’intérieur » d’un être humain. Difficultés dans la gestion de son « état interne » (siège des émotions) perturbé et non adapté à une situation donnée. Par exemple l’expression d’une colère qui aurait pu être contenue. Il n’est dès lors pas compliqué d’imaginer l’impact de tels phénomènes sur l’homogénéité d’un couple.
Le caractère exogène pour ce qui le concerne provient de phénomènes extérieurs, dont le contrôle échappe souvent aux partenaires car il suppose une parfaite entente sur la façon de leur faire face et de trouver les bonnes solutions. Leur diversité, les douleurs engendrées, autant de contextes pouvant affecter lourdement la vie du couple.
La thérapie de couple comme moyen de reconstruction
La thérapie de couple a donc pour but de « sauver » ce qui peut encore l’être avec pour perspective de reconstruire une vision du couple. Mais une thérapie de couple a pour principe fondamental un désir commun de s’engager dans un tel processus. En tant que praticien, il m’est souvent arrivé d’être sollicité par l’un des membres d’un couple, qui empreint d’un désarroi prononcé, a convaincu son partenaire récalcitrant de se joindre à la thérapie de couple.
Ainsi formulée la démarche souffre avant même d’être entamée d’un certain handicap entre celui qui veut et celui qui se sent quelque peu contraint et de ce fait résistant. Néanmoins la présence du couple est un facteur positif qui peut malgré tout laisser entrevoir une issue favorable.
Exposer la problématique rencontrée au sein du couple
Cette thérapie de couple quand bien même les deux partenaires seraient-ils d’accord pour l’entreprendre débute toujours par un exposé divergent du problème. Pour reprendre l’expression consacrée chacun « voit midi à sa porte »
Les premières séances d’une thérapie de couple sont donc dédiées au désamorçage d’un « dialogue de sourds » chacun voulant avoir raison.
La notion d’ « émetteur » et de « récepteur » constitue le principe même d’une communication systémique. L’un des acteurs du système émet un point de vue filtré par ses biais cognitifs. L’un des principaux filtres est celui régi par les émotions de l’émetteur. Le récepteur pour sa part va accueillir l’information, elle-même filtrée par ses propres biais, puis répondre à travers ses filtres et ainsi de suite.
Rétablir la communication entre les partenaires
La thérapie de couple a donc avant tout pour vocation de rétablir une communication permettant aux partenaires de se rapprocher l’un de l’autre ce qui ne veut pas dire « je suis d’accord » ou « je ne suis pas d’accord » l’art du compromis étant l’atteinte d’une solution « gagnant-gagnant » et inscrite dans le futur.
Rétablir progressivement l’osmose du couple
Dans la mesure où cette étape aura été franchie la thérapie de couple peut alors être orientée et mener progressivement vers un rétablissement progressif.
Il ne peut cependant pas être totalement exclu qu’une rechute survienne au cours de la cure entraînant une réapparition des symptômes prévalant à son début. À ce stade, il peut être judicieux de proposer aux partenaires de suspendre le travail pendant un certain temps afin de permettre à la pression de retomber puis de le reprendre à court terme
De la thérapie de couple… à la thérapie individuelle
L’arrêt de la thérapie de couple entreprise est envisageable à partir du moment où les résistances manifestées sont trop importantes ne permettant pas la poursuite du travail.
Dans ce cas la volonté de l’un des partenaires d’entreprendre une psychothérapie n’est pas rare. Une telle décision implique l’accord plein et entier de l’autre partenaire. Dans le cas contraire, il conviendra de proposer à celui des deux concerné par la thérapie individuelle de se diriger vers un autre praticien.
Steven Horn, psychothérapeute pour votre thérapie de couple
Si je me permets d’en parler ici, c’est parce que je suis moi-même thérapeute de couple à Angers et partout à distance en visioconférence. Vous vous êtes retrouvé dans les lignes de cet article ? N’hésitez surtout pas à me contacter pour que nous discutions et envisagions le potentiel d’une thérapie de couple. J’ajoute pour conclure que la thérapie de couple peut aussi concerner deux membres d’une fratrie.