Faire un deuil est une expérience universelle à laquelle tout le monde est confronté au moins une fois au cours de sa vie.
Dans le processus de restauration, la personne endeuillée est actrice et non pas prisonnière de sa période de deuil.
Le deuil est la perte définitive d’un proche, d’un conjoint après une séparation subie ou volontaire, d’un animal de compagnie ou d’un emploi. Un tel événement peut être la source d’un traumatisme.
Le deuil est donc une « histoire » intime et très personnelle qui ne répond ni à des règles ni à des vérités strictes.
Ici le temps est incompressible : En moyenne un an pour les uns trois pour d’autres.
Comment surmonter un deuil et quelles sont les étapes à traverser ? En quoi l’entame d’une thérapie peut-elle aider ? Un article de Steven Horn, psychothérapeute.
L’impact psychologique du deuil
Le deuil est l’événement qui a le plus grand impact psychologique sur un individu. Cette épreuve est vécue de façon unique par chacun car elle peut provoquer l’immobilisme et bien entendu de grandes souffrances.
Mais le deuil permet aussi le mouvement vers le renouveau et la reconstruction. Il s’agit d’une dynamique active. Surmonter un deuil n’est pas un parcours linéaire qui s’appliquerait de la même façon pour tout le monde.
Selon la psychiatre américaine Elisabeth Kübler-Ross, 5 étapes sont nécessaires pour traverser et réussir à faire le deuil. Elles constituent les phases psychologiques traversées lorsqu’une personne perd un être cher et doit donc faire face à sa disparition.
Les étapes du deuil
Ces étapes ne sont pas fixes. Autrement dit, ce que vivra l’un ne sera pas nécessairement vécu de la même façon par l’autre.
Le choc et le déni
Cette première phase est celle du choc, lequel provoque un effet de sidération. La personne est incapable d’accepter la réalité de la perte. Elle la refuse. Elle se sent figée et ne parvient pas à réagir. Cette attitude s’apparente à un déni de cette réalité.
Cette étape peut durer plusieurs minutes comme plusieurs jours. Le déni de la mort fait partie des phases normales du processus de deuil.
Dans ces instants, il est très compliqué pour la personne endeuillée d’analyser la perte, notamment si elle est intervenue brutalement (ou par suicide) et surtout si la relation était très fusionnelle entre elle et le défunt.
Il n’est pas rare que se manifeste alors de la colère voire de l’agressivité, processus d’autodéfense normal à ce stade.
La complexité de cette phase réside souvent dans un paradoxe auquel l’individu est confronté : d’une part le désir que la douleur cesse et d’autre part, la focalisation sur la personne décédée.
Cette dualité se doit d’être accueillie. Le deuil, ainsi que tout ce qu’il fait naître en soi, doit être respecté même si bien sûr la tâche est extrêmement difficile et très pénible à supporter. Il n’est pas d’autre option que celle d’accepter l’inévitable.
Agir sur le deuil est impossible durant cette phase car il est bien trop tôt. Il est également prématuré d’entreprendre une thérapie à ce moment-là, car il est indispensable pour l’individu endeuillé de prendre le temps d’intégrer entièrement la perte dans son esprit.
Cette période est marquée par une détresse, par un état de douleur psychique durant laquelle il va lui falloir progressivement admettre la perte.
La colère
Faire son deuil passe également par une phase de colère, qui peut se manifester contre différentes personnes parmi lesquelles soi–même, le médecin accompagnant, le défunt ou le conjoint qui a souhaité la séparation.
La colère est très vive, allant même jusqu’à la révolte ou la rage, généralement associée à un sentiment de culpabilité. Cette culpabilité s’avère souvent difficile à dépasser car l’ambivalence émotionnelle est très intense à ce stade.
Elle bloque et empêche l’individu endeuillé d’accéder et de vivre des instants simples et même agréables. Rire devient culpabilisant, tout autant que prendre du plaisir, de se voir avancer et d’éprouver une forme de relâchement à l’égard de sa souffrance.
Il en est ainsi de la personne endeuillée qui a accompagné la personne en fin de vie pendant de longs mois et l’a aidée à partir. Éprouver une forme de soulagement est tout à fait normal, pourtant la culpabilité va venir prendre le dessus et de ce fait renforcer la souffrance.
Le fait pour la personne de ne pas réussir à verbaliser ses émotions ne favorisera pas le travail de deuil. Un soutien à l’identification et à l’expression émotionnelle avec un psychothérapeute peut s’avérer très efficace.
C’est au cours de cette phase qu’il n’est pas rare d’entendre des phrases telles que « j’aurais pu faire ceci » ou j’aurais dû faire cela »
La colère est parfois exacerbée par la prise de conscience par l’individu de la portée de la perte. La culpabilité est au centre du travail de deuil, elle est nécessaire pour avancer et permettre de donner un sens à la perte.
C’est ici que la culpabilité va céder la place à la phase dite de marchandage, ou négociation
La négociation
Traverser le deuil comprend une troisième étape qui est une étape de marchandage avec soi-même.
Elle peut prendre la forme d’une discussion intérieure, parfois spirituelle. Mais la situation restant difficile à admettre, l’individu cherche alors un moyen de compenser, d’éviter ou d’inverser l’événement. Il est en quelque sorte prêt à tout pour apaiser la douleur et pour récupérer une part de contrôle pour faire face au deuil.
L’accompagnement psychothérapeutique permet de prendre du recul sur les pensées et les résistances tout en amenant la personne à retrouver le goût à la vie.
La tristesse, la nostalgie et la dépression
Cette phase est celle de la dépression. C’est la plus centrale, la plus importante, celle qui peut durer le plus longtemps. Elle sera plus ou moins longue en fonction du type de deuil. La symptomatologie de cette phase est donc dépressive, par une exacerbation des affects dépressifs qui sont liés à la tristesse et à la douleur profonde, mélangée à une forme de pessimisme, comme si au-delà de la perte plus rien ne vaut la peine d’être vécu.
La personne va s’isoler, pleurer énormément, son chagrin est à son paroxysme.
De nombreux symptômes de l’anxiété généralisée vont entraîner des troubles tels que les comportements alimentaires, du sommeil ou encore des peurs irrationnelles. Certains désinvestissements peuvent apparaître : baisse de la libido chez les hommes comme chez les femmes, etc.
La tristesse est intense, proche du désespoir et d’un état mélancolique. La personne se sent souvent seule, à la recherche de repères qu’elle ne possède plus. Lutter contre cette tristesse, c’est ne pas se donner les moyens d’intégrer totalement la perte.
Durant cette période de solitude, il est possible de développer une forme de dépendance affective envers votre conjoint, un ami proche ou un membre de votre famille.
Si ces phénomènes s’installent et perdurent au point d’empêcher l’individu de s’alimenter, d’aller travailler, de sortir, de dormir ou si des idées noires prospèrent, alors il convient de consulter.
Lorsqu’un deuil provoque des troubles psychiques mais aussi physiques, alors il est question de deuil pathologique, état dans lequel une personne peut rester engluée pendant des années
L’acceptation
La dernière étape du processus de deuil est l’acceptation de la perte. C’est le moment du rétablissement.
Peu à peu, tous les intérêts de la vie quotidienne vont se réinstaurer doucement. La personne endeuillée va réussir à investir de nouveaux projets, de nouvelles relations et avoir la capacité de se souvenir de la perte sans douleur. Surmonter le deuil, ce n’est pas oublier la perte mais être capable de vivre avec sans souffrir.
Une fois parvenu au stade de l’acceptation, l’individu endeuillé a pleinement conscience de la perte. L’organisation de sa vie est de nouveau possible et il s’agit de la reconstruire entièrement et volontairement. La personne est en mesure de se projeter dans l’avenir.
Le deuil transforme profondément et il s’agit d’en tirer parti : s’investir spirituellement, entreprendre un projet rêvé depuis longtemps, se dépasser dans le cadre d’une activité. Pour certaines personnes il est temps de devenir enfin elles-mêmes.
Le soutien thérapeutique pour surmonter un deuil
Le deuil est l’événement de la vie le plus stressant. Ce n’est pas un processus contrôlable il s’impose à nous, mais l’accueillir pleinement permet de mieux vivre.
Connaître les étapes du deuil est utile afin de suivre l’évolution de ses émotions.
La thérapie est essentielle pour ne pas « rester coincé » trop longtemps dans l’une des quatre premières étapes décrites ci-dessus.
Le travail de deuil ne consiste pas uniquement à accepter la perte et à vivre avec, c’est également un cheminement vers le renouveau.
Steven Horn, psychothérapeute pour accompagner votre deuil
Psychothérapeute à Angers, j’accompagne de nombreuses personnes dans leur processus de deuil. Je propose mes consultations sur place ou à distance, selon les possibilités.
Vous venez de connaître un deuil ou avez l’impression d’être bloqué dans l’une des phases, vous empêchant le cheminement vers l’acceptation ? Contactez-moi pour que nous en discutions.