Nous abordons dans cet article le thème de la dépendance affective au sein du couple, afin d’en identifier les ressorts et d’en permettre l’accompagnement dans le cadre d’un suivi thérapeutique. Soulignons que la dépendance affective est susceptible de concerner tant les hommes que les femmes et que son vécu entraîne dans bien des cas une souffrance importante.
Comment identifier une dépendance affective dans un couple ?
Repérer une dépendance affective au sein de son couple n’est pas toujours facile. Selon les personnes, l’intensité d’un manque affectif est variable. Toutefois, quelques signes permettent d’en indiquer l’existence, soit que la dépendance affective affecte un seul des deux partenaires ou les deux. Dans ce dernier cas, il sera question de relation fusionnelle, tout en gardant à l’esprit que la dépendance affective renvoie à des dynamiques d’interactions dysfonctionnelles qui pousseront chacun à s’adapter à l’autre, mais parfois pour le pire.
La dépendance affective demande souvent à être traitée en profondeur et n’est pas sans conséquences pour le couple.
Elle apparaît généralement à la suite d’un traumatisme vécu dans le passé par le dépendant, ce dernier répercutant alors ses souffrances et son manque d’affection au sein du couple.
Passons en revue quelques signes qui ne trompent sur une dépendance affective manifeste.
L’incapacité à être seul
L’un des principaux signes de dépendance affective est la difficulté personnelle à affronter la solitude, qui va se manifester dès que l’autre s’absente même pour un bref moment.
En effet le dépendant affectif va avoir des difficultés à considérer que son existence propre a de la valeur et du sens, indépendamment de l’autre. Cela se traduit par une impression de vide – voire d’abandon – elle-même liée à une éventuelle blessure d’abandon, qui s’accompagne d’une difficulté voire d’une incapacité à mener des activités par et pour lui-même.
S’installe alors une perte de sens, qui conduit la personne dépendante à avoir le sentiment que rien n’a d’importance si ce n’est pas partagé dans le cadre de la relation. Les activités personnelles de chacun des partenaires deviennent source de souffrance et/ou de conflit, puisque l’un des partenaires ou les deux tendent en permanence vers la fusion.
Ce n’est pourtant pas nécessairement la relation en tant que telle qui est recherchée au sens d’un partage et d’un échange, mais bien le fait d’être rassuré sur la présence de l’autre et ainsi de couper court au sentiment d’abandon.
Le besoin d’amour et de réassurance est si fort que la seule perspective d’une solitude ouvre une brèche insupportable : elle ramène en effet la personne dépendante à un sentiment de vide intérieur, qui lui est dans certains cas impératif de combler par des comportements compulsifs, renvoyant aux mécanismes de l’addiction.
La dépendance affective est donc un besoin ancré d’être comblé(e) par la présence du partenaire, sans pour autant parvenir à trouver la sécurité intérieure suffisante pour évoluer seul « sans béquilles ».
L’autre devient l’indispensable béquille, sans laquelle tenir debout n’est pas possible, faute d’une présence de chaque instant. Dans un tel contexte, il est davantage question d’un manque détourné de son idéal plutôt que d’amour. En effet, lorsque ce manque n’est pas comblé, le dépendant affectif peut ressentir des émotions très perturbantes telles que la tristesse.
Le besoin de validation de l’autre
Un autre signe de dépendance affective dans le couple est le besoin de voir les conduites, les actions et les prises de décisions systématiquement validées par l’autre.
Ce mode de fonctionnement contribue évidemment à court-circuiter toute prise d’initiative personnelle. L’intéressé a le sentiment que son propre jugement n’a pas la valeur suffisante pour initier une action ou un projet, y compris lorsque celui-ci lui appartient en propre. Cela revient en somme à n’être rassuré qu’avec l’aval de l’autre.
À l’origine de ce besoin, nous retrouvons le manque de confiance en soi. Dès lors, l’avis de l’autre importe plus que ses propres ressentis, qui à force de ne pas être pris en compte, finissent par ne plus s’exprimer du tout.
Ce besoin de validation peut se manifester dans les choses les plus simples et les plus quotidiennes, avec la difficulté pour la personne dépendante de prendre des décisions par et pour elle-même.
En conséquence, elle préfèrera tout déléguer à son/sa partenaire lui donnant ainsi l’entière responsabilité de la relation. Ce rapport dysfonctionnel constitue une possible prise de pouvoir par le partenaire.
L’autre « en perfusion continue »
Un autre signe de dépendance dans le couple s’exprime également lorsque les partenaires sont séparés. La nécessité de maintenir le lien se fait alors sentir, à l’image d’un trouble de l’attachement, très certainement vécu dans les toutes premières années de la vie et cristallisé par la suite. La souffrance ainsi engendrée débouchera sur un irrépressible besoin de contact avec l’autre. À cet égard, les outils de communication modernes permettent de maintenir le lien et de tromper l’absence, grâce notamment aux messages écrits, au téléphone etc.
Ce mode de fonctionnement peut cependant s’avérer dangereux. En effet l’indépendance des partenaires n’existe plus et la moindre indisponibilité sera vécue comme un déchirement, interprétée comme un manque d’implication et éventuellement reprochée à l’autre.
Le manque sain de l’autre nécessaire à toute relation ne peut plus véritablement trouver sa place. Le désir de fusion caractérise la relation de couple et il devient de plus en plus difficile d’exister en tant qu’individu à part entière, ce qui peut être très destructeur du point de vue psychique et favoriser des actes radicaux en cas de conflit.
Il n’y a plus de différenciation entre les partenaires ce qui empêche la prise de recul.
La peur du désaccord
Un autre signe de la dépendance affective dans le couple est la peur du désaccord. Les relations humaines sont caractérisées par la mise en commun. Chacun apporte quelque chose dans la relation en vue de créer un espace de partage. Cette dynamique est porteuse de grandes possibilités d’échanges mais aussi de confrontations.
Dans une relation saine, il est possible d’admettre qu’un avis puisse différer de celui d’autrui. Tenter de mutuellement se convaincre mais aussi d’accepter la divergence de points de vue. Or c’est précisément ce qui va faire défaut dans le cadre des relations fondées sur la dépendance affective.
Au même titre que la personne dépendante ne parvient pas à se séparer de l’autre, elle n’acceptera pas la distance psychique qui émerge d’un désaccord ou d’une différence d’opinion. Le fondement qui prévaut peut se résumer par cette maxime : « si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi ».
Ce besoin d’entente parfaite se retrouve dans certains couples dysfonctionnels, dont les partenaires ne se sentent finalement pas suffisamment solides pour intégrer la différence de l’autre, susceptible de s’exprimer via des prises de positions individuelles distinctes de celle du partenaire.
Dans ce type de couple, le conflit sera soigneusement évité pour conserver l’illusion d’une entente parfaite et c’est bien la peur du désaccord qui est à l’origine de ce mode de fonctionnement. La relation est trop fragile pour pouvoir faire face à la confrontation, voire à un désaccord qui serait alors perçu comme un échec.
Une jalousie irrationnelle
Une jalousie incontrôlable et sans objet est également le signe d’une dépendance au sein du couple. Se sentir inquiet dès que l’autre s’absente, avoir la peur qu’il puisse créer une connexion plus enrichissante avec une autre personne… La jalousie peut caractériser les rapports même en présence de l’autre.
Le moindre regard sera interprété comme coupable, prêtant à l’autre des pensées d’infidélité.
Il n’y a pas de limite à la jalousie excessive, ce qui traduit en réalité un besoin de contrôle. La vie psychique de l’autre caractérisée par ses désirs propres n’est pas admise.
C’est ici aussi la tendance à la fusion qui se manifeste et à travers elle la recherche inconsciente d’indifférenciation, afin que toute possibilité de séparation disparaisse. Laisser la jalousie s’installer dans un couple constitue un risque important. Elle renvoie davantage à la possessivité qu’à l’amour et c’est bien le manque de confiance, d’estime de soi et d’amour qui se manifeste à travers elle.
La personne ne se sent pas digne de la relation et de l’amour de l’autre, prenant alors le risque de développer une jalousie pathologique, qui use psychiquement le/la partenaire dans le cadre d’un véritable processus de harcèlement difficilement tenable dans le temps.
Si la rupture peut être le seul moyen de mettre fin à cette situation insoutenable pour les deux partenaires, la dépendance mutuelle contribue à l’émergence d’une jalousie maladive, terreau fertile pour des conflits extrêmes voire des manifestations pulsionnelles de violence à l’égard du partenaire.
Le rôle de Sauveur, de Victime et de Persécuteur
La dépendance affective dans un couple consiste souvent à endosser des rôles vis-à-vis de l’autre avec pour but de garder le contrôle.
Ce sont les rôles de Sauveur, Victime et Persécuteur présentés par Karpman dans le triangle dramatique de la dépendance affective.
Dans le cadre du couple, de multiples combinaisons sont possibles :
Les Victimes se positionnent comme inférieures et inaptes, demandent du soutien de manière quasi permanente et laissent à l’autre la responsabilité des prises de décisions. Elles sont souvent face à un Sauveur, dont le rôle auto-attribué est de prendre soin d’autrui mais de manière contrôlante et étouffante, en empêchant les autres de prendre leurs propres décisions ou de trouver leur propre voie.
Le Persécuteur encore nommé Bourreau aura tendance à libérer ses pulsions agressives en dominant, critiquant, et harcelant la victime qui se retrouvera en bonne position pour se victimiser davantage.
Il s’agit d’un véritable jeu de rôles inconscient, à l’intérieur duquel les positions peuvent être échangées.
Peut-on vivre une relation amoureuse avec un dépendant affectif ?
Le problème des relations de couples dysfonctionnelles fondées sur la dépendance affective est la grande capacité de sur-adaptation des partenaires.
Il est donc possible de perdre beaucoup dans une relation désirée harmonieuse et ce, parce que des comportements destructeurs auront été développés pour répondre au besoin du dépendant affectif en couple.
Ce n’est donc en aucune manière une base saine pour une relation amoureuse, car il ne faut jamais perdre de vue que le dépendant affectif vit ce qu’il imagine être l’amour avec son/sa partenaire, alors qu’il s’agit en réalité d’un amour vécu au travers de son/sa partenaire afin de combler un vide affectif. Il est question ici d’amour objectal, en d’autres termes, où l’autre n’est là que pour répondre au besoin affectif de son/sa partenaire.
La dépendance affective dans le couple aura souvent des conséquences désastreuses, parfois même associées à la violence.
Faut-il quitter un dépendant affectif ?
Il n’est pas toujours évident de savoir si l’on doit quitter une personne dépendante ou si au contraire une réparation de la relation est envisageable. Le dépendant affectif a besoin d’affection au quotidien et d’être rassuré par son partenaire. Celui-ci peut alors vite ressentir une sensation d’étouffement entraînant un désir de partir. Or quitter un dépendant affectif n’est jamais simple car le sentiment de le détruire est très présent. Mais au bout du compte quitter une personne dépendante affective peut s’avérer être la meilleure solution pour se protéger et éviter de souffrir.
La thérapie pour traiter la dépendance affective
En résumé, la dépendance affective au sein d’un couple doit être considérée comme un système relationnel avant d’être une caractéristique individuelle. Elle concerne deux individus en interaction confrontés à des difficultés relationnelles qui cherchent leur équilibre jusqu’à l’adoption de postures toxiques voire même pathologiques. Reste que la dépendance affective n’est en rien une « fatalité ». Elle se soigne grâce à un accompagnement psychothérapeutique dont l’enjeu est de permettre au patient d’élaborer et de comprendre son dysfonctionnement, ses origines et de mettre en place des moyens psychiques afin de réduire puis d’éliminer progressivement la répétition de ses schémas. Voici pourquoi une thérapie de couple peut vous aider au-delà de la dépendance affective.
Steven Horn pour votre thérapie de couple ou individuelle
Vous vous êtes reconnu(e) ou vous avez reconnu votre partenaire dans les signes de dépendance affective ? Peut-être qu’une thérapie peut vous aider à traiter le problème.
En tant que psychothérapeute, j’accompagne les couples dépendants affectifs à travers des thérapies de couple ou bien des thérapies individuelles si privilégiées. Installé à Angers, je consulte au sein de mon cabinet ou bien à distance, en visioconférence. N’hésitez pas à me contacter pour un premier échange sur le sujet.